Actualité Eau : Le décret du 12 Juillet 2024

Décret du 12 juillet 2024 sur l’eau
Contexte et objet du décret Le décret n°2024-796 du 12 juillet 2024 établit un cadre réglementaire pour l’utilisation d’eaux impropres à la consommation humaine à des usages domestiques, en garantissant que leur usage ne présente aucun risque pour la santé des usagers. Ce texte s’inscrit dans une démarche globale visant à diversifier les sources d’approvisionnement en eau et à optimiser l’utilisation de cette ressource dans un contexte de changement climatique, tout en assurant une protection sanitaire renforcée.
Champ d’application Le décret s’applique aux personnes et entités responsables de la production, distribution et gestion de l’eau, ainsi qu’aux établissements recevant du public (par exemple, établissements de santé, établissements scolaires, lieux de travail, etc.) et aux propriétaires de réseaux intérieurs de distribution d’eau. Il encadre l’usage de ces eaux pour des applications telles que le nettoyage, l’irrigation ou d’autres usages domestiques ne nécessitant pas la qualité d’une eau destinée à la consommation humaine directe. En définissant clairement les types d’usages et les obligations de chacun, le texte vise notamment à prévenir tout risque de contamination ou d’exposition à des pathogènes et substances chimiques.
Exigences techniques et catégorisation des installations Le décret consacre une série de mesures techniques et sanitaires à respecter dans la conception, la mise en service, le suivi, l’entretien et le contrôle des dispositifs d’utilisation de ces eaux. Les installations sont classées dans trois catégories :
- Sans déclaration préalable
- Soumises à déclaration préalable
- Soumises à autorisation
Cette catégorisation permet d’adapter les obligations en fonction du niveau de risque et de la complexité du système. Le propriétaire des réseaux est notamment tenu d’assurer une surveillance rigoureuse et de mettre en place un carnet sanitaire de suivi pour garantir la conformité des installations et la sécurité des usagers.
Mise en vigueur et cadre juridique Ce décret doit entrer en vigueur le 1er septembre 2024. Il est pris en application de l’article L. 1322-14 du Code de la santé publique, qui autorise l’usage d’eaux impropres à la consommation pour certains usages domestiques protégés. Par ailleurs, un arrêté complémentaire, également daté du 12 juillet 2024, détaille les conditions sanitaires spécifiques pour ces usages, précisant ainsi l’application concrète des mesures définies par le décret.
Quelles sont les exigences techniques du décret ?
Le décret impose une série d’exigences techniques strictes destinées à encadrer l’utilisation d’eaux impropres à la consommation dans des usages domestiques protégés. Voici les principaux points :
Conception et installation des équipements
- Séparation des circuits : Les installations doivent impérativement garantir l’absence de risques de contaminer les réseaux destinés à l’eau potable. Pour ce faire, des dispositifs physiques (sani-barrières) et des systèmes de dérivation doivent être prévus afin d’éviter tout risque de reflux ou d’erreur de branchement.
- Matériaux et compatibilité : Les équipements et canalisations employés doivent être compatibles avec la nature de l’eau non potable, à la fois pour résister à d’éventuelles agressions chimiques et pour ne pas favoriser le développement microbien.
Classification par niveaux de risque
- Catégorisation des installations : Le décret classe ces installations en trois catégories — sans déclaration préalable, nécessitant une déclaration préalable ou soumises à autorisation — en fonction du risque et de la complexité du système. Cette catégorisation permet d’adapter les exigences techniques et les procédures de contrôle à la nature et à l’importance des installations, garantissant ainsi une gestion proportionnée des risques.
Suivi, contrôle et maintenance
- Protocoles de surveillance : Chaque installation doit faire l’objet d’un suivi régulier. Cela inclut la réalisation d’analyses de la qualité de l’eau (paramètres microbiologiques, chimiques, etc.) afin de détecter toute anomalie avant qu’elle n’engendre un risque sanitaire.
- Entretien systématique : La maintenance préventive et corrective des équipements est obligatoire. Des contrôles périodiques doivent être réalisés pour s’assurer que les installations fonctionnent conformément aux normes en vigueur.
- Carnet sanitaire : Le propriétaire ou gestionnaire doit tenir à jour un document de suivi (« carnet sanitaire ») détaillant toutes les opérations de maintenance, les contrôles effectués et les résultats des analyses. Ce document sert de traçabilité et permet une intervention rapide en cas de détection d’un dysfonctionnement.
Sécurité et dispositifs complémentaires
- Dispositifs de sécurité : Des systèmes spécifiques (ex. dispositifs anti-retour ou vannes de sécurité) doivent être installés pour pallier tout risque de mélange accidentel entre eaux impropres et eaux potables.
- Validation des techniques : Les méthodes et équipements utilisés doivent répondre à des standards techniques prédéterminés, assurant ainsi leur efficacité et leur conformité aux exigences sanitaires.
Ces exigences techniques visent à garantir que, malgré l’utilisation d’eaux non destinées à la consommation humaine, les systèmes mis en place ne compromettent jamais la sécurité sanitaire, tout en permettant une utilisation optimisée de cette ressource dans un contexte de gestion raisonnée de l’eau.
Comment les dispositifs de sécurité sont-ils validés ?
Les dispositifs de sécurité prévus par le décret doivent bénéficier d’une validation rigoureuse avant leur mise en service, afin d’être certains qu’ils remplissent efficacement leur mission de protection des réseaux d’eau potable. Ce processus de validation se déroule en plusieurs étapes :
- Conception conforme aux exigences techniques et sanitaires La première étape consiste en une conception qui respecte un cahier des charges strict issu du décret. Les dispositifs doivent être élaborés selon des normes techniques prédéfinies, garantissant par exemple une séparation physique et fonctionnelle entre le circuit destiné à l’eau impropre et celui de l’eau potable. Cette conformité est essentielle pour éviter tout risque de contamination accidentelle.
- Essais de performance en laboratoire et sur le terrain Avant d’être déployés, ces dispositifs sont soumis à des tests approfondis. Des essais en laboratoire permettent de simuler différents scénarios (cas de reflux, défaillance de composants, etc.) afin de vérifier leur efficacité. Dans certains cas, des tests sur le terrain viennent compléter ces évaluations, assurant que le comportement du dispositif reste optimal dans des conditions réelles d’utilisation.
- Certification par des organismes accrédités Une fois les tests réussis, une certification officielle est délivrée par des organismes reconnus et accrédités. Cette certification atteste que le dispositif de sécurité répond à toutes les exigences techniques et sanitaires fixées par le décret. Ce processus de certification repose sur l’analyse du dossier technique fourni par le fabricant ou l’installateur ainsi que sur les résultats des essais effectués.
- Documentation et suivi dans le carnet sanitaire L’ensemble des résultats de ces tests et de la certification doit être reporté dans un carnet sanitaire. Ce document constitue une trace détaillée de toutes les étapes de validation et permet aux autorités compétentes d’effectuer des contrôles périodiques pour confirmer la pérennité du dispositif dans le temps.
En résumé, la validation des dispositifs de sécurité dans le cadre du décret repose sur une démarche en plusieurs phases qui commence par une conception conforme aux normes, passe par des tests techniques rigoureux et se conclut par une certification officielle. Ce processus garantit en continu que les installations respectent les exigences sanitaires et techniques nécessaires afin de protéger les réseaux d’eau potable des risques de contamination.
Pour aller plus loin, il est intéressant de se pencher sur les méthodes d’audit post-installation et les mécanismes de contrôle périodique afin d’assurer que la performance validée initialement se maintient au fil du temps. Ces procédures de suivi renforcent la fiabilité du système et offrent une marge de sécurité supplémentaire en cas d’évolution des conditions d’utilisation.
La qualité A+ pour l’eau est définie par des critères stricts qui garantissent une sécurité sanitaire optimale et une conformité environnementale. Voici les principaux aspects :
Critères microbiologiques
- Absence totale de germes pathogènes, tels que les bactéries, virus et parasites.
- Concentrations extrêmement faibles de microorganismes non pathogènes, respectant les seuils fixés par les normes sanitaires.
Critères physico-chimiques
- Teneur en substances chimiques (métaux lourds, nitrates, pesticides, etc.) inférieure aux limites réglementaires.
- Paramètres tels que le pH, la conductivité et la turbidité doivent être dans des plages spécifiques pour garantir la qualité.
Critères organoleptiques
- L’eau doit être inodore, incolore et sans goût désagréable.
- Ces critères sont essentiels pour les usages impliquant un contact humain direct.
Critères de surveillance et traçabilité
- Analyses régulières pour vérifier la conformité aux normes.
- Documentation complète des résultats et des interventions dans un carnet sanitaire.
Les critères de qualité A+ – souvent assimilés aux normes de la catégorie A dans la classification des eaux usées traitées – imposent des exigences très strictes tant sur le plan physico-chimique que microbiologique. Voici un panorama détaillé :
1. Critères Physico-Chimiques
Matières en suspension : La concentration doit rester inférieure à 15 mg/L. Cela permet de limiter la présence de particules pouvant protéger des micro-organismes ou entraîner des altérations des équipements.
Demande Chimique en Oxygène (DCO) : La DCO ne doit pas dépasser 60 mg/L. Ce paramètre est indicatif de la charge organique résiduelle dans l’eau, essentielle pour s’assurer que l’eau résiduelle soit suffisamment épurée.
2. Critères Microbiologiques
Escherichia coli : La concentration de ces bactéries indicatrices doit être inférieure à 250 UFC/100 mL. Cela garantit un niveau de désinfection adapté aux usages sensibles, notamment pour l’irrigation de cultures consommées crues.
Entérocoques fécaux : Il est exigé un abattement supérieur à 4 log (c’est-à-dire une réduction d’au moins 10 000 fois), assurant ainsi une élimination quasi totale de ces indicateurs de contamination fécale.
Phages ARN F-spécifiques : Un abattement supérieur à 4 log est requis. Les phages sont utilisés comme indicateurs de la présence de virus et d’autres micro-organismes, et leur réduction notable contribue à la sécurité sanitaire.
Spores de bactéries anaérobies sulfito-réductrices : Elles doivent également être réduites de plus de 4 log. Ce critère est particulièrement important, car ces spores sont souvent plus résistantes aux traitements conventionnels.
3. Suivi Permanent
Contrôle de la turbidité : Un suivi permanent de la turbidité est imposé pour détecter toute anomalie dans le processus de traitement. Une augmentation soudaine de la turbidité peut être le signe d’une défaillance des dispositifs de filtration ou d’une perturbation du système de traitement.
Tableau Récapitulatif
Paramètre | Seuil/Critère |
Matières en suspension | < 15 mg/L |
Demande Chimique en Oxygène (DCO) | < 60 mg/L |
Escherichia coli | < 250 UFC/100 mL |
Entérocoques fécaux | Abattement > 4 log |
Phages ARN F-spécifiques | Abattement > 4 log |
Spores de bactéries anaérobies sulfito-réductrices | Abattement > 4 log |
Suivi de la turbidité | Contrôle permanent requis |
Ces critères sont conçus pour répondre à des usages exigeants tels que :
- Irrigation de cultures destinées à être consommées crues,
- Arrosage d’espaces verts ouverts au public (parcs, jardins publics, etc.),
- Nettoyage des voiries et des infrastructures,
- Utilisations dans des contextes où le risque de contact direct avec le public est élevé.
Ils garantissent que l’eau issue d’un traitement intensif est non seulement dépourvue de contaminants nocifs mais aussi constamment surveillée pour détecter toute dérive dans le procédé. Pour atteindre ce niveau de performance, les dispositifs de traitement déployés (par exemple, combinaisons de membranes, traitements UV, ozonation, etc.) doivent être conçus et validés selon des protocoles rigoureux et faire l’objet d’un suivi régulier par des analyses en laboratoire.
Ces normes, qui trouvent leur fondement dans des réglementations nationales et européennes, assurent une protection sanitaire maximale et permettent d’optimiser la réutilisation des eaux traitées dans des contextes à haut risque. Elles se distinguent également des autres classes (B, C ou D) qui, pour des usages moins sensibles, autorisent des tolérances plus élevées.
Pour l’alimentation des chasses d’eau, l’utilisation d’eau retraitée relève d’un usage domestique non potable. Cela signifie que, bien qu’elle ne doive pas satisfaire aux normes A+ (destinées à l’eau potable), elle doit néanmoins répondre à des critères précis garantissant qu’aucun risque sanitaire (notamment en termes de contamination microbiologique ou chimique) ne soit présent.
Voici quelques précisions sur ces exigences :
Traitement adapté à l’usage non consommable L’eau destinée à alimenter les chasses d’eau doit être issue d’un traitement proportionné. Ce traitement vise à réduire de façon significative la charge en microorganismes pathogènes et en contaminants chimiques, sans pour autant atteindre le niveau de qualité de l’eau potable. En pratique, des procédés tels que la filtration, la désinfection (par chloration, UV, etc.) et, le cas échéant, des traitements complémentaires permettent d’obtenir une eau sécurisée pour un usage indirect, sans contact direct avec les usagers.
Séparation stricte des réseaux Pour éviter tout risque de croisement avec l’eau destinée à la consommation humaine, des dispositifs techniques (comme des dispositifs anti-retour) ainsi qu’une distinction physique entre le réseau potable et le réseau d’eau retraitée sont impératifs. Cela garantit que, même en cas de défaillance dans l’un des systèmes, il n’y aura pas de contamination du réseau d’alimentation en eau potable.
Surveillance et traçabilité Les usagers et exploitants doivent mettre en place un suivi régulier de la qualité de l’eau via des analyses périodiques (tant sur les indicateurs microbiologiques que physico-chimiques). Les résultats sont consignés dans ce qu’on appelle un « carnet sanitaire », qui atteste des vérifications et de la maintenance continue du système. Cette démarche permet d’assurer, au fil du temps, que la qualité de l’eau correspondant aux usages non consommables reste constante et conforme aux seuils minimaux définis par l’arrêté ministériel associé au décret.
Références réglementaires Le décret n°2024796 et l’arrêté qui l’accompagne précisent les critères de qualité à satisfaire pour les différents usages domestiques d’eaux impropres à la consommation humaine. Pour l’alimentation des chasses d’eau, ces textes exigent que l’eau retraitée ne présente aucun risque de contamination susceptible d’affecter la sécurité sanitaire des usagers, même si elle n’atteint pas les standards A+ obligatoires pour l’eau destinée à la consommation directe .
En résumé, la qualité requise pour l’eau retraitée utilisée dans les systèmes d’alimentation des chasses d’eau n’est pas aussi élevée que celle à destination de la consommation humaine (qualité A+). Toutefois, elle doit garantir que les traitements appliqués éliminent ou réduisent suffisamment les contaminants pour assurer une sécurité sanitaire totale, tout en étant gérée avec des dispositifs techniques et une surveillance rigoureuse afin d’éviter toute contamination croisée avec les réseaux d’eau potable.
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